Projet minier sur la montagne de Kaw : Sarkozy tranche

Publié le par Axel M


Le ministère de l’Ecologie et le ministère l’Intérieur et de l’Outre-mer l’avaient annoncé fin 2007 : ils lançaient une nouvelle mission d’inspection sur le projet d’exploitation minière de la multinationale
IAMGOLD.


Situé dans le nord-est du département, à Camp Caïman, sur la montagne de
Kaw, haut lieu de la biodiversité, ce projet essuyait un tir nourri de critiques d’une partie de la société guyanaise. Il allait polluer et dévaster un morceau du joyau amazonien. Une ressource non renouvelable serait pillée. La Guyane n’en tirerait aucun profit.


Une
première mission, envoyée par le ministère de l’Ecologie et celui de l’Industrie, avait recalé le projet en 2006, mettant en avant “quelques lacunes”, entre autres en matière d’impact sur la faune et la flore.
IAMGOLD avait alors présenté de nouvelles demandes d’exploitation.

 

Mais depuis, le Grenelle de l’Environnement est passé par là et une seconde mission d’inspection a donc été lancée en décembre 2007. Dans ses conclusions, le rapport de la mission souligne que “le débat a pris un tour passionnel et que l’annonce d’une décision, de quelque nature qu’elle soit, apparaîtra comme une victoire pour les uns et comme un désaveu pour les autres”. Autrement dit et pour faire simple : les uns, ce sont les politiques de gauche, les écologistes, des mouvements citoyens... Les autres, ce sont notamment les milieux économiques. Hors centre spatial de Kourou, le rapport de la mission note d’ailleurs que ce dossier est “le premier projet industriel d’envergure” présenté en Guyane.

 

Pour les auteurs du rapport, “aucun argument majeur et décisif, pour un refus, ne peut être invoqué à partir du dossier de demande” et “des procédures menées à leur terme”, hormis quelques points. En fait, l’enjeu réside “dans la vision que l’on peut avoir de l’avenir de la Guyane et dans l’appréciation du niveau de richesse biologique” que l’on donne au site concerné par le projet (“un bon projet au mauvais endroit”).

 

Finalement, le 30 janvier dernier, l’Elysée tranche. Nicolas Sarkozy décide “de ne pas [lui] donner de suite favorable”. Un refus qui impliquera pour l’Etat, selon le rapport, des “conséquences financières non négligables” pour indemniser la société minière.

 

Les réactions ne se font pas attendre. Les très actifs Verts de Guyane parlent d’une “victoire de la mobilisation citoyenne” contre ce projet. Antoine Karam, président de la Région, se félicite de cette décision “qui conforte la démocratie”. Blada.com, site d’actualité locale, titre : “Un seul gagnant, la Guyane !” Le comité français de l’Union mondiale pour la nature, tout en saluant ce choix de Nicolas Sarkozy, “réaffirme l’urgence d’une réponse appropriée aux ravages écologiques, sanitaires et sociaux” d’une autre forme d’activité aurifère : l’orpaillage clandestin. Réactions de profond mécontement, en revanche, des opérateurs miniers légaux déjà installés en Guyane et du patronat. De son côté, IAMGOLD rappelle avoir “investi des ressources considérables dans le projet Camp Caïman” et déclare étudier toutes les solutions possibles pour protéger ses intérêts.

 

La mission, sur la base de laquelle Nicolas Sarkozy a tranché, a aussi abordé la question plus générale de l’élaboration d’une politique minière en Guyane et le chef de l’Etat, attendu dans le département les 11 et 12 février, dit souhaiter “une exploitation des ressources aurifères compatible avec la préservation des richesses de [la] biodiversité de la Guyane”. Bref, permettre le développement économique -qui manque cruellement au département- tout en respectant l’environnement -qui est d’une richesse inouïe. De quoi faire encore couler de l’encre...

 

Note : Voir également l’article « IAMGOLD : une multinationale à l'assaut de la Guyane »

 

DERNIERE MINUTE : Le 6 février 2008, Jean-Louis Borloo pour le ministère de l’Ecologie et Christian Estrosi pour le secrétariat d’Etat en charge de l’Outre-mer, ont installé le comité opérationnel Outre-mer du Grenelle de l’Environnement. Christian Estrosi en a profité pour rappeller la place de la Guyane, “l’un des quinze derniers grands massifs de forêt tropicale non encore fragmenté par les activités humaines”. Jusqu’à quand ?


NOUVELLE DERNIERE MINUTE : Lors de son déplacement en Guyane, les 11 et 12 février, Nicolas Sarkozy est revenu sur son refus d’autoriser le projet Camp Caïman, projet qui “a posé la question de savoir quelles sont les filières réellement porteuses de création de richesses en Guyane”. Pour le chef de l’Etat, le département “n’a pas le choix entre l’or, d’une part, et la préservation de l’environnement, d’autre part.” Mais si le projet avait été autorisé, “nous aurions porté atteinte, de façon irrémédiable, à un patrimoine naturel considéré comme unique” (la montagne de Kaw). Nicolas Sarkozy a aussi évoqué lors de son déplacement la réalisation d’un “shéma départemental d’orientation minière et d’aménagement” pour une exploitation aurifère “respectueuse des richesses de la biodiversité”. En clair, continuer à structurer la filière légale.

 

 

 

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